Ronflements, réveils en sursaut et fatigue qui colle à la peau ne sont pas qu’un inconfort. L’apnée du sommeil pèse sur le cœur, le cerveau et, à terme, sur l’espérance de vie. La bonne nouvelle, c’est que des traitements éprouvés existent et changent réellement la trajectoire de santé. Voici l’essentiel pour comprendre le risque et agir dès maintenant.
💡 À retenir
- Oui. Non traitée, l’apnée du sommeil réduit l’espérance de vie en augmentant les risques cardiovasculaires et métaboliques; un traitement (CPAP, perte de poids, appareillages) baisse ces risques et la prolonger.
- L’apnée du sommeil augmente le risque de maladies cardiovasculaires.
- Des études montrent que le traitement de l’apnée peut améliorer l’espérance de vie.
- 70% des personnes atteintes d’apnée du sommeil ne sont pas diagnostiquées.
Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?
L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire nocturne caractérisé par des pauses répétées de la respiration. Les tissus de la gorge s’affaissent, ou le signal respiratoire du cerveau se fait mal, ce qui interrompt le sommeil par micro-réveils et chute de l’oxygène. Ronflements sonores, réveils avec sensation d’étouffement, maux de tête matinaux et somnolence diurne en sont des marqueurs fréquents.
Ce trouble est courant et souvent caché. Beaucoup de personnes pensent “mal dormir” sans imaginer un problème médical. Pourtant, près de 70 % des personnes concernées ne sont pas diagnostiquées, alors même que l’apnée impacte la pression artérielle, la glycémie et le rythme cardiaque. Le diagnostic repose sur un enregistrement du sommeil à domicile ou en laboratoire.
Définition et types d’apnée
On distingue trois formes principales.
- Apnée obstructive du sommeil, aussi appelée SAHOS : les voies aériennes se ferment partiellement ou totalement malgré l’effort respiratoire. C’est la forme la plus répandue.
- Apnée centrale : le cerveau n’envoie pas correctement le signal de respiration; les voies aériennes restent ouvertes, mais l’effort respiratoire manque.
- Apnée mixte : combinaison des deux mécanismes précédents.
La sévérité se mesure avec l’index d’apnées-hypopnées. Un IAH de ≥ 5 événements/heure signe la présence d’un trouble, modéré entre 15 et 30, sévère au-delà. Le risque cardiovasculaire et la somnolence augmentent avec cet index.
Impact de l’apnée du sommeil sur l’espérance de vie

Des apnées répétées fragmentent le sommeil et provoquent des baisses d’oxygène. Le corps réagit par une activation du système nerveux, des pics de tension, une inflammation et un stress oxydatif. À long terme, ces mécanismes favorisent l’hypertension, les troubles du rythme, la résistance à l’insuline, l’infarctus et l’AVC. C’est ce terrain cumulatif qui finit par rognier l’espérance de vie.
Chez certains profils, l’effet est encore plus marqué. Les personnes obèses, les hommes d’âge moyen, celles avec un cou épais ou des antécédents cardiovasculaires sont plus exposées. L’apnée du sommeil est également liée à l’hypertension résistante, aux rechutes d’insuffisance cardiaque et à la fibrillation atriale. Travailler sur l’apnée, c’est alléger la charge sur le système cardio-métabolique.
Statistiques sur l’espérance de vie
- Plusieurs cohortes montrent qu’une apnée du sommeil modérée à sévère non traitée augmente la mortalité toutes causes d’environ 1,5 fois sur le long terme.
- Un traitement par CPAP avec une observance de ≥ 4 h/nuit rapproche le risque de mortalité de celui des sujets sans apnée.
- Le risque d’événements cardiovasculaires majeurs est nettement supérieur en cas d’apnée non traitée, notamment chez les patients déjà cardiaques.
- La somnolence diurne multiplie le risque d’accidents de la route et du travail, avec des conséquences vitales indirectes.
En clair, traiter l’apnée du sommeil n’est pas seulement une question de confort. C’est une stratégie de prévention des complications graves qui pèsent sur la durée et la qualité de vie.
Traitements et solutions
La référence thérapeutique de l’apnée obstructive modérée à sévère est la ventilation en pression positive continue, la CPAP. Un appareil pousse doucement l’air dans les voies aériennes via un masque pour les maintenir ouvertes. Bien réglée et portée régulièrement, la CPAP réduit les apnées, normalise l’oxygénation et améliore la vigilance dès les premières nuits.
D’autres solutions existent selon le profil. L’orthèse d’avancée mandibulaire avance la mâchoire pour libérer le passage aérien et convient surtout aux apnées légères à modérées, aux ronfleurs et aux dormeurs sur le dos. La perte de poids est très efficace, souvent décisive; une réduction d’environ 10 % du poids corporel peut abaisser nettement l’IAH. Chez certains, la chirurgie ORL, la stimulation du nerf hypoglosse, la rééducation oro-faciale ou la thérapie de position sont proposées après bilan spécialisé.